La guerre anglo-zouloue de 1879

Dans les années 70, l'Angleterre estime que pour assurer la sécurité et la stabilité de la région, il faut établir sous son autorité une fédération regroupant toute l'Afrique du Sud. Après que la république Boer du Transvaal ait été annexée sans résistance, le dernier état fort de la région reste le royaume zoulou, restauré par le roi Cetshwayo.

Pendant que Chelmsford, commandant en chef des forces anglaises en Afrique du Sud, fait des préparatifs militaires, Frere, gouverneur du Cap, exerce une série de pressions diplomatiques contre le Zoulouland, sous des prétextes fallacieux, jusqu'à lancer un ultimatum. Le 11 janvier 1979, à son expiration, l'armée anglaise pénètre dans le Zoulouland.

L'armée anglaise

La guerre a été décidée au niveau local, en profitant des difficultés de communication avec l'Angleterre qui, engagée dans une guerre en Afghanistan, est opposée à un nouveau conflit en Afrique. Chelmsford doit s'accomoder des forces disponibles localement.

Le coeur de l'armée est donc formé par l'infanterie régulière qui vient de combattre dans la région contre les Xhosas. Ils portent l'uniforme de serge rouge et sont équipés du fusil Martini-Henry, à un coup et chargement par la culasse.

Les Natal Native Contingents sont constitués de volontaires africains, essentiellement recrutés dans des clans hostiles aux zoulous. Motivés mais mal équipés, mal entraînés et mal encadrés ils sont une piètre troupe.

Chelmsford n'a pas de cavalerie impériale au début de la campagne. Il dispose par contre de troupes assez nombreuses de cavalerie semi-régulières ou irrégulière, levées localement, qui combattent comme de l'infanterie montée.

Ils sont soutenus par de l'artillerie, pièces de campagne, mitrailleuses et fusées (inefficaces, mais réputées avoir un effet psychologique sur les "sauvages").

Les effectifs totaux au début de la campagne sont d'environ 16 000 hommes.

Native Natal Contingent

L'armée zouloue

Le système militaire zoulou, organisé par Shaka au début du siècle, est resté à peu près inchangé. Les zoulous sont embrigadés par classes d'âge dans des amabutho (singulier ibutho) et restent à la disposition permanente de l'état. Au bout d'un certain nombre d'années, un ibutho reçoit collectivement du roi le droit de se marier. Les hommes s'installent alors individuellement avec leur famille mais sont toujours mobiblisables.

La tactique principale des zoulous, théorisée sous Shaka, repose sur une charge au contact, accompagnée d'un enveloppement des deux côtés. Ce sont les fameuses cornes du taureau. Une réserve est ménagée un peu en arrière. Les guerriers zoulous sont féroces et difficiles à maîtriser, et la rivalité entre amabutho est grande. A Khambula, les anglais utiliseront leur cavalerie pour provoquer des attaques incontrôlées et non coordonnées.

Les zoulous sont équipés du célèbre bouclier et de la lance de contact ou de la massue en bois. Une grande proportion d'entre eux sont équipés d'armes à feu, souvent obsolètes. Après Isandhlwana ils disposeront de Martini-Henry pris aux anglais. Mais leur feu ne sera jamais aussi efficace que celui d'une armée occidentale.

Les estimations donnent entre 30 000 et 40 000 guerriers zoulous disponibles au moment du déclenchement des hostilités.

Zoulous

Les plans Anglais

Chelmsford a divisé ses forces en 3 colonnes, chacune devant être capable de se défendre par elle-même, et qui doivent converger vers le centre du Zoulouland. Les difficultés logistiques sont énormes dans ce pays accidenté, sans route ni pont, et la progression est très lente. Les anglais ne savent jamais exactement où se trouve l'armée ennemie, infiniment plus mobile. Chelmsford, qui sous-estime ses adversaires et se préocuppe surtout de pouvoir les contraindre à la bataille, va commettre une série d'imprudences.

Les plans zoulous

Cetshwayo ne désire pas la guerre mais l'ultimatum lancé par les anglais est calculé pour être inacceptable. Il lancera de nombreuses tentatives de conciliation entre les deux phases de la campagne et n'opérera jamais de raid à l'extérieur de son territoire, ce que craignaient les anglais.

Cetshwayo va tenter de défaire les colonnes les unes après les autres en jouant sur la mobilité de son armée. Il envoie ses forces en leur donnant consigne de ne pas attaquer si l'ennemi est retranché...

La première partie de la campagne

Dès le début des hostilités, l'impi (armée) principal zoulou se dirige vers le colonne du centre, commandée par Chelsmford. Celui-ci a divisé ses forces. Inaperçus, les zoulous lancent une attaque surprise à Isandhlwana contre des troupes restées au camp et prises à contre-pied. C'est un désastre pour les forces anglaises, qui sont anéanties. Les zoulous subissent de lourdes pertes.

Une partie de l'armée zouloue poursuit jusqu'à Rorke's Drift, une mission transformée en hôpital, à la frontière du Zoulouland. Là, une centaine d'anglais subissent les assauts répétés de 40 fois leur nombre d'ennemis, et résistent.

Les plans de Chelsmford s'effondrent. La colonne du sud, contre laquelle on pense que le prochain assaut sera donné, se fortifie sur place à Eshowe, tandis que Wood, commandant la colonne du nord, doit faire diversion. Wood dresse son camp à Khambula et se fortifie tandis que la cavalerie irrégulière, et notamment les fameux Frontier Light Horse commandés par Redvers Buller, harcèle les établissements zoulous locaux.

Le 28 mars, à Hlobane, a lieu un accrochage sérieux entre Buller et les Zoulous qui manque se terminer en catastrophe. L'armée zouloue est aperçue en marche vers Khambula. Le 29, c'est la bataille. Retranchés autour d'un cercle de chariot et d'une redoute, subissant des assauts de toute part, les anglais alternent feu meurtrier et contre-charges et viennent à bout de l'assaut. La poursuite est sans pitié. Les zoulous laissent 3000 morts sur le terrain.

En avril, une colonne venant secourir Eshowe est attaquée par des forces zouloues locales. Les leçons sont apprises. Formés en carré, la cavalerie au centre, l'armée anglaise repousse les zoulous. C'est la bataille de Gingindlovu. La colonne du sud est dégagé. Après trois mois de campagne, on est revenu grosso-modo à la situation de janvier.

Frontier Light Horse

La 2ème partie de la campagne

La nouvelle de la défaite d'Isandhlwana a provoqué beaucoup d'émoi en Angleterre. Les renforts sont envoyés et arrivent progressivement.

Fin mai, Chelsmford relance la campagne sans plus attendre, car il sait que Wolseley est en route depuis l'Angleterre pour le relever de son commandement. Formés à nouveau en colonnes, les anglais doivent converger vers le centre du Zoulouland. La progression est laborieuse, car il faut assurer la défense des convois de ravitaillement contre des zoulous qui pratiquent maintenant une tactique de harcèlement.

Pour l'anecdote, c'est alors que Louis Napoléon Bonaparte junior, héritier impérial engagé dans l'armée britannique, est tué lors d'une reconnaissance.

Les anglais finissent par s'approcher d'Ulundi, la capitale de Cetshwayo. Le 4 juillet, les zoulous, saignés à blanc et démoralisés par les combats de l'été, attaquent l'armée anglaise formée en un grand carré et sont écrasés. Cetshwayo s'enfuit mais est capturé. C'est la fin de la campagne.

La suite

Entretemps, le gouvernement a changé en Angleterre. Le zoulouland n'est pas annexé mais partagé en plusieurs territoires distribués aux alliés des anglais. Une guerre intestine ne tarde pas à éclater. Le zoulouland connaîtra une série de troubles et de deux révoltes majeures pendant encore 20 ans.

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Généré le 13 octobre 2003 par psilet 1.4